Inspiré du roman noir D’entre les morts de Boileau-Narcejac (1954), Sueurs froides jouit d’une adoration particulière de la part des cinéphiles et des cinéastes du monde entier. Le film se classe d’ailleurs régulièrement au sommet des classements des meilleurs films de toute l’histoire du cinéma (la revue anglaise Sight and Sound, par exemple, ou les revues françaises Positif et Les Cahiers du cinéma2). L’American Film Institute le classe dans la liste des dix meilleurs films américains de tous les temps3. Le réalisateur Chris Marker en a fait son film préféré et le cite dans plusieurs de ses œuvres (La Jetée, Sans soleil, Immemory). Dans L’Armée des douze singes, Terry Gilliam fait entrer ses personnages, incarnés par Bruce Willis et Madeleine Stowe, dans un cinéma où le film est projeté. Brian De Palma considère Sueurs froides comme l’un de ses trois films préférés et bon nombre de ses propres films s’en inspirent, dans ses thèmes ou dans ses traits esthétiques. Le film a influencé beaucoup de films hollywoodiens, dont Sang chaud pour meurtre de sang-froid, Basic Instinct, Lost Highway de David Lynch ou The Game de David Fincher. Le plasticien Les Leveque a également détourné le film dans son œuvre homonyme (4 Vertigo), où les images d’Hitchcock sont reproduites et kaléidoscopées dans un montage hypnotique4. En août 2012, le magazine de cinéma britannique Sight and Sound le classe meilleur film de tous les temps5, détrônant ainsi Citizen Kane, qui occupait ce titre depuis 19626.
Pour illustrer les scènes de vertige, Alfred Hitchcock utilise la caméra subjective, mais d’une façon particulière : alors qu’il filme, vers le bas, la profondeur de la cage d’escalier que James Stewart est censé voir avec angoisse, la caméra opère deux mouvements simultanés : un mouvement d’appareil vers l’arrière (travelling arrière) et un zoom avant (augmentation de la longueur focale de l’objectif de la caméra). Le résultat de cet artifice technique appelé travelling contrarié, utilisé ici pour la première fois dans un film, est une image qui se déforme, comme si la cage d’escalier s’allongeait