Prenons la phobie sociale, par exemple : certaines personnes sont complètement paralysées à l’idée d’aller vers les autres, de prendre la parole en public… À la base de ce blocage, il y a généralement un tempérament timide (déjà bébés, ces personnes semblent moins à l’aise avec les autres), mais ensuite les choses peuvent diverger totalement. Certaines personnes vont avoir de la chance et rencontrer un environnement favorable, comme un ami qui les aide à prendre la parole dans un groupe de travail ou à « draguer » une fille qu’ils n’osent pas aborder ; ils connaîtront alors des succès qui leur donneront confiance. D’autres, au contraire, rencontreront un contexte moins épanouissant, ou subiront des échecs qui laisseront des traces : par exemple paniquer lors d’un exercice au tableau en classe, sans trouver le soutien des professeurs ou des proches. Ceux-là risquent de développer une phobie sociale. (...)
C’est le trouble anxieux qui touche le plus les hommes, probablement pour des raisons culturelles et historiques : être timide passe mal chez eux. Ce trait de caractère est moins stigmatisé chez les femmes, et a même longtemps été valorisé : à la cour de Louis XIV, elles se mettaient du rouge sur les joues pour simuler la timidité, supposée érotique. Il nous reste des traces de cet héritage et, sur ce sujet, j’attends avec impatience un mouvement de libération des hommes ! Mes patients phobiques sociaux sont en effet très solitaires dans cette société, ils ne sont ni aidés, ni compris ; et ils osent rarement consulter un thérapeute. J’insiste sur un point : nous avons tous une certaine peur des autres, à un degré plus ou moins intense. De façon générale, l’anxiété n’est pas un problème en soi, on ne parle de pathologie qu’à partir du moment où on observe des blocages majeurs, handicapants dans la vie quotidienne (c’est un critère qui figure dans le manuel de référence de classification des troubles mentaux). Ces personnes sont incapables de réaliser ce qu’elles devraient ou aimeraient faire.
(...)
À la base de la pyramide se trouve l’estime de soi, l’évaluation que la personne fait d’elle-même, le jugement qu’elle porte sur elle. C’est en grande partie conditionné par l’enfance et l’attitude qu’ont eue les parents. Au-dessus de cette base vient la confiance en soi, qui est la perception que chacun a de sa capacité à agir et à réussir. La confiance en soi dépend, évidemment, en partie de l’estime de soi. Et tout au sommet de la pyramide vient l’affirmation de soi, une capacité à se poser en société, à oser exister, dire ce qui semble important sans être bloqué. On voit que, dans cet édifice, les choses peuvent coincer à plusieurs niveaux. Certains blocages résultent uniquement d’un problème d’affirmation de soi, sans que l’estime de soi sous-jacente soit atteinte. Dans ce cas il s’agit de personnes qui n’osent pas aller vers les autres, mais qui ne se dévalorisent pas pour autant. Dans d’autres cas, c’est l’estime de soi qui est atteinte, mais cela ne se traduit pas obligatoirement par un blocage comportemental...
Extrait des propos du psychiatre Frédéric Fanget
Source et article complet ci-dessous :
https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychologie/se-liberer-c-est-un-apprentissage-22079.php