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« PEINTRES FEMMES 1780–1830 » : UNE EXPOSITION STIMULANTE, MAIS QUI LAISSE SUR SA FAIM

4 Juillet 2021, 22:13

Le confinement et l’accélération de la transformation numérique dans le domaine muséal ont-ils véritablement bénéficié aux « femmes artistes » ? Depuis 2020, une foule d’initiatives se multiplient pour mettre la création féminine en valeur : notices biographiques, podcasts, visioconférences… Avec des résultats plus ou moins cohérents. Et au risque d’une catégorisation hasardeuse, qui regroupe des plasticiennes aussi diverses que Frida Kahlo, Artemisia Gentileschi et Camille Claudel. Selon cette optique, ce n’est ni la nationalité, ni l’époque, ni la pratique artistique qui rapproche ces créatrices, mais bien leur genre.

Difficile, donc, de se frayer un chemin dans la jungle des contenus disponibles en ligne, des publications spécialisées aux récits reposant sur un certain nombre de stéréotypes, tantôt misérabilistes (la fille de l’ombre, l’égérie puis la victime du « maître », l’héroïne au destin tragique), tantôt glorificateurs (l’indépendante, la rebelle, le génie féminin).

Très attendue, l’ouverture de l’exposition « Peintres femmes 1780–1830 » au Musée du Luxembourg laissait penser qu’une autre approche allait enfin être proposée au grand public. En évitant l’écueil de la traditionnelle monographie, l’exposition se penche sur les formations, ateliers et communautés de peintres, depuis la fin de l’Ancien Régime jusqu’à la Monarchie de Juillet. Il s’agit d’une période où une proportion croissante de femmes investissent l’espace de production des beaux-arts, ce qui attire les railleries, comme celle de l’abbé de Fontenay : « comment pourront-elles trouver assez de temps pour être à la fois épouses soigneuses, mères tendres […] et peindre autant qu’il est nécessaire pour le faire bien ? » (Journal général de France n°71, 14 juin 1785).

70 œuvres de collections publiques et privées, françaises et étrangères, jalonnent un parcours à la fois chronologique et thématique. Le spectateur ne manquera pas d’apprécier la scénographie épurée, l’éclairage presque zénithal et la couleur pastel des cimaises, qui mettent parfaitement en valeur les œuvres. En cette matinée de semaine, il y avait un public assez varié – quoique très féminin – où plusieurs générations étaient représentées. C’était stimulant de voir des filles accompagner leurs mères, comme si ces tableaux, en particulier, étaient propices à une forme de transmission...

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