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Formateurs en INSPE : des conditions de travail « dégradées »

12 Octobre 2020, 09:45

Selon une enquête menée durant l’année universitaire 2018-2019 auprès de 171 formateurs du réseau des adhérents, il apparaît que 65 % des formateurs en INSPE estiment que leurs conditions de travail se sont dégradées depuis leur prise de poste. Ainsi, le Sgen-CFDT dresse « un constat accablant » des conditions d’exercice du métier de formateur en INSPE.
Selon une enquête du syndicat*, 65 % d’entre eux estiment que leurs conditions de travail se sont dégradées depuis leur début d’exercice du métier. 44 % pensent en outre que le métier en lui-même a évolué de façon négative depuis leur prise de fonction (contre 34 % pour qui il a évolué « de façon intéressante »).
(...)
Ils jugent également mauvaises les relations entre l’INSPE et l’Etat employeur. 72 % des formateurs trouvent ainsi les relations entre les partenaires de la formation (université, rectorat…) « pas du tout » ou « pas » satisfaisantes. Ils souffrent ainsi d’un manque de reconnaissance de leur travail : seuls 3 % pensent que leur travail est apprécié à sa juste valeur. « Heureusement qu’il y a les remerciements de mes étudiants et anciens étudiants, car, de la part de ma hiérarchie, je n’ai aucun retour », déplore une formatrice.
(...)
Certains éléments sont cependant toujours sources de satisfaction pour les formateurs : le contact avec les étudiants (pour 41 %), l’utilité du métier (pour 32 %) et le travail d’équipe (23 %). Ils sont toutefois 15 % à estimer que les contenus de la formation ne sont pas adaptés, et 22 % que les stagiaires ne parviennent pas à réinvestir en stage les contenus de formation.

« Nous sommes épuisés par les changements à répétition, l’incertitude sur notre place voire sur nos postes, et blasés par l’absence de promotion dans les échelons, la perte de moyens liée à l’incorporation à l’université », témoigne ainsi un formateur.

Pour le Sgen-CFDT, « il y a urgence à réformer et surtout à ne pas reconduire les mêmes erreurs du passé […] au risque d’aggraver une situation déjà critique ». Toutefois, rien n'est moins sûr.

Plus que jamais la  formation des enseignants plonge dans une logique comptable. La prime semble davantage donnée à l'économie qu'à la qualité d'une formation préparant vraiment à leur métiers les enseignants du 21e siècle...

 

La formation des enseignants sera de nouveau réformée à la rentrée 2021 dans le cadre de la loi Blanquer pour « l’école de la confiance ». Pierre Merle, professeur de sociologie, professeur d’université à l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education (INSPE) de Bretagne, vient de signer une analyse du sujet sur le site La vie des idées.

 

Selon vous, la formation des enseignants méritait d’être réformée. Pourquoi ?

Elle n’était pas pleinement satisfaisante aux yeux des professionnels, des professeurs stagiaires et des étudiants en Master MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation). Actuellement, les épreuves du CAPES ont lieu entre mars et mai dans l’année de M1 (Master 1) alors que les étudiants débutent la formation en septembre et effectuent un stage de 5 semaines dans ce laps de temps. Dans cette situation, la préparation était trop courte, insatisfaisante et entraînait des abandons. Les professeurs stagiaires en M2, quant à eux, devaient assurer 9h de cours par semaine tout en préparant un mémoire alors que beaucoup découvrent les difficultés de l’enseignement. Certains mémoires étaient de qualité très moyenne car les professeurs stagiaires manquaient, faute de temps, d’observations pédagogiques et n’avaient pas toujours une connaissance suffisante de la littérature scientifique… Je ne sais pas s’il existe une préparation idéale mais l’actuelle formation des enseignants méritait d’être revue.

 

En quoi cependant cette nouvelle réforme ne vous semble pas adéquate ?

 

Elle me paraît encore plus critiquable que la précédente car elle reprend la réforme du ministre Darcos qui plaçait lui aussi le concours du Capes en deuxième année. Cette réforme avait abouti à une crise du recrutement. Elle repoussait l’obtention du statut de professeur à la fin du master 2 et les étudiants devaient travailler deux ans de manière très soutenue pour avoir le concours. L’attractivité du métier pâtissait de ces mauvaises conditions de préparation. C’est peu logique de reprendre une réforme qui avait débouché sur plus de problèmes que d’avantages.

 

Suite de l'interview ci-dessous

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